- SAINT-GERMAIN-EN-LAYE (château et musée)
- SAINT-GERMAIN-EN-LAYE (château et musée)SAINT-GERMAIN-EN-LAYE CHÂTEAU ET MUSÉELe château de Saint-Germain, reconstruit par Charles V en 1367, devient, à dater de ce règne et jusqu’à celui de Louis XIV, la principale demeure royale des environs de Paris. Sous l’Ancien Régime, l’attrait de Saint-Germain était double: on y goûtait la proximité d’une forêt giboyeuse (la Laye) et la grande beauté de la vue que l’on avait de la vaste terrasse dessinée par Le Nôtre en 1672.François Ier, rapporte Du Cerceau, «trouvait ce lieu plaisant». Et nous voyons la cour, en effet, y faire de très fréquents séjours pendant toute la première partie du règne. Grâce à lui, le château médiéval de Saint-Germain devint un palais de la Renaissance; seule, la chapelle conserva son aspect du XIIIe siècle: Saint Louis y avait accueilli, en 1247, le dernier empereur latin de Constantinople, Baudouin II, venant livrer la Sainte Couronne d’épines et un large morceau de la vraie Croix. La reconstruction totale de l’ancienne demeure fut entreprise en 1539 sous la direction de Pierre Chambiges.Le parti adopté par Pierre Chambiges à Saint-Germain reproduit exactement celui qu’il avait adopté quelques années plus tôt à Chantilly. Il conserva en grande partie le dispositif défensif du château de Charles V. À l’intérieur, les façades furent entièrement refaites mais sans souci de corriger le manque de symétrie de l’ensemble. Toutefois, ces parties neuves sont incontestablement singulières. Saint-Germain retient surtout l’attention par l’originalité de l’appareil à ses étages supérieurs, où toutes les parties vives (pilastres, arcatures et encadrements des fenêtres) se détachent en brique sur un mur de pierre. L’inspiration des monuments italiens, où les marbres de diverses couleurs jouent de cette façon, est évidente. Une grande ressemblance existe entre les fenêtres de Saint-Germain, en baie cintrée surmontée d’un fronton triangulaire, et celles de la Scuola di San Marco à Venise.La couverture en terrasse est d’inspiration étrangère. Cette grande nouveauté, exécutée par Pierre Chambiges, n’est en réalité qu’un toit à pente très douce formé de grandes dalles de pierres superposées. C’est une des premières terrasses réalisées en Europe de cette manière. L’italianisme règne également en maître dans le décor. La formule de Saint-Germain demeure celle de la première Renaissance française: un décor italianisant sur une armature gothique, qui nous reporte, comme le château de Madrid, au plus bel âge de l’art florentin.La construction d’un deuxième château, dit château neuf, sur le rebord du plateau qui domine la Seine, est un chef-d’œuvre, d’une conception parmi les plus intéressantes de l’époque. Sur le modèle des villas italiennes, il était conçu comme un lieu de plaisance et de retraite, semblable en cela aux trianons des siècles futurs. Les travaux ne furent terminés que sous Henri IV. Ils avaient pris une ampleur considérable: entre la demeure primitive et la Seine s’étageaient une série de splendides terrasses, dont les soubassements avaient été creusés de grottes fabuleuses où l’ingénieur italien Thomas de Francine avait installé d’étonnants automates hydrauliques. De cet ensemble magnifique, célèbre dans toute l’Europe, seul subsiste aujourd’hui le pavillon Henri IV.En 1862, Napoléon III décide la rénovation complète des bâtiments du château vieux, qui étaient alors en très mauvais état, pour y abriter un musée d’Antiquités celtiques et gallo-romaines. C’est l’architecte Eugène Millet, élève de Viollet-le-Duc, qui fut chargé de la restauration du château qui dura jusqu’au début du XXe siècle. Le premier fonds du musée fut constitué par les dons du roi du Danemark, Frédéric VII, et par ceux du célèbre préhistorien Boucher de Perthes, ainsi que par le résultat des fouilles d’Alésia. En 1867, année de l’Exposition universelle, Napoléon III inaugura les sept premières salles du musée, qui devient musée des Antiquités nationales.Les collections se sont enrichies d’objets exceptionnels et d’ensembles des découvertes archéologiques faites en France aux XIXe et XXe siècles. Une nouvelle rénovation fut décidée par André Malraux en 1962; le musée offre désormais, au fil d’un parcours chronologique, l’évocation des manifestations de l’intelligence et de l’activité humaines, depuis les origines de l’homme jusqu’à Charlemagne.
Encyclopédie Universelle. 2012.